Comme tout le monde le sait (sauf peut-être les" nouveaux") Agoravox est devenu une fondation de droit belge depuis Juin 2008. Pourquoi belge et pas français ?
Carlo Revelli s’en est expliqué dans son article : en gros le statut de
fondation reconnue d’utilité publique (pouvant donc solliciter des dons auprès du public et recevoir des legs) en France est plus long à obtenir, suppose que le ministre de l’intérieur siège au conseil d’administration et exige un apport de 1 million d’euros, conditions qui ne semblent pas demandées en Belgique. L' avantage attendu du statut de
fondation est de mettre Agoravox à l’abri des pressions politiques et financières.
La relecture aujourd’hui de son article et du fil de discussion qui a suivi est très instructive et je conseille à tous de le faire…
Pour l'instant au moins, le fonctionnement de la fondation est pour le moins opaque : nous n’avons jamais vu de comptabilité publiée, ou de compte-rendus de réunions d’un conseil d’administration.
A ce propos, on ne manque pas d’être un peu surpris car, selon
l’article de Libération le Conseil d’Administration de la fondation, c’est… deux personnes : Joël de Rosnay et Carlo Revelli, ce dernier en étant le Président.
C’est maigre… On apprend qu’une société des rédacteurs devrait être créée, qui disposerait d’un siège au conseil d’administration, mais nous l’attendons toujours…
Nous avons donc une « fondation » qui aurait été, un moment, valorisée jusqu’à 10 ou 15 millions d’euros, dont les recettes publicitaires attendues seraient de l’ordre 20 à 30 000 euros par mois, et qui se vante de disposer d’un millier de rédacteurs actifs. Et cette fondation serait dirigée par deux personnes et peut-être une troisième si cette « société de rédacteurs » venait à voir le jour.
(On tremble à l’idée d’imaginer qui pourrait être ce rédacteur : Morice ? Villach ?…) Nous comptons sur la discussion pour actualiser et crédibiliser ces chiffres, notamment celui de ses rédacteurs « actifs », l'article ayant maintenant près de deux ans…
Un problème qu’il faut aborder est la confusion des genres entre Cybion et Agoravox.
Rappelons que
Cybion est une société commerciale dont l’activité est la veille et la communication de crise sur Internet . Extrait choisi :
« Quotidiennement, nous analysons des dizaines de milliers de sources formelles et informelles (sites, commentaires blogs, forums, réseaux sociaux) qui nous permettent d’appréhender précisément votre environnement et de répondre à vos attentes de façon adaptée : analyse concurrentielle, observation des opinions, identification des leaders, et, enfin, traitement des risques de crise. »De là à penser qu’Agoravox soit
une commodité pour Cybion, une manière de concentrer en un seul lieu virtuel l’observation de dizaines de sites, blogs, forums, il y a un pas que l'on peut franchir, même si Carlo Revelli le nie assez énergiquement.
C’est notre opinion et une hypothèse sans doute impossible à vérifier mais qui comporte beaucoup d’arguments tout de même...
D’abord, c’est logique. Et même si Agoravox n’a peut-être pas été créé volontairement pour cela, en attirant des internautes de tous bords, il offre incontestablement un sujet d’observation qui rentre exactement dans l’objet commercial de Cybion.
Comme d’autres sites ou forums nous direz-vous ?
- Certes, mais la question que l’on est en droit de se poser n’est pas
« Sommes nous surveillés par Cybion lorsque nous écrivons ou intervenons sur Agoravox ? » parce que sur Internet on est de toutes façons surveillés et observés tout le temps, par tout le monde, pour les motifs les plus divers et les plus variés. Non, la question que l’on est en droit de se poser c’est
« est-ce que l’activité de Cybion est susceptible d’influencer la politique éditoriale d’Agoravox ? ». Et à cette question la réponse, selon nous, est oui.
Nous ne disons pas que c’est le cas, mais que c’est possible. Et même qu’un certain nombre d'évolutions d’Agoravox peuvent s’expliquer ainsi. - Pourquoi, par exemple multiplier le nombre d’articles publiés à chaque édition avec, semble-t-il, un souci de ratisser le plus large possible ou de privilégier les articles les plus polémiques ?
- A quoi bon s’embêter de lire l’ensemble des idioties de Reopen alors que l’on a un Manfred maison sous la main à publier ?
- Veut-on connaître le niveau d’islamophobie ou d’antisémitisme ? - Allez : un, deux, dix, vingt articles sur la Burqua , un article bien pro-palestinien ou au contraire bien pro-israélien…
- A quoi servent donc les Carevox, Naturavox et autres déclinaisons spécialisées que personne ne lit ? sinon cibler une clientèle particulière qu’il peut être demandé d’étudier ?
- Comment mesurer l’impact de mouvements sectaires ? Allez : un coup de John Lloyds, une « enquête » de Jean-Luc Lagardette, un article sur les "médecines douces" ou l'Anthroposophie …
Bien sûr on pourra rétorquer qu’Agoravox publie ce qui intéresse les gens et fait débat; mais un esprit soupçonneux fera remarquer que, dans cette affaire, la qualité des articles n’a aucune importance, le but est atteint avec n’importe quelle production pourvu qu’elle ait une cible que l’on veuille toucher, provoquer, amener à s’exprimer…
Vous avez dit « politique éditoriale ? », « modération des commentaires » ?… Hum…
En réalité la seule manière de lever une telle suspicion serait de connaître les clients de Cybion et leurs demandes, ce qui est évidemment impensable…
Au dossier de ces amours potentiellement incestueuses entre Cybion et Agoravox il faut tout de même verser un certain nombre de faits objectifs : - Cybion et Agoravox ont été fondées par les mêmes Joël de Rosnay et Carlo Revelli. Ce dernier est à la fois le président de la Fondation et le PDG de Cybion. Si nous savons que J.de Rosnay est le 2e membre du « conseil d’administration » de la Fondation nous ne savons pas quel est son statut actuel dans Cybion : probablement actionnaire majoritaire, mais sans certitude pour l’instant. Le comité de rédaction d’Agoravox étant constitué du même C. Revelli et de Iannis Plenel, plus les soi-disant « modérateurs », c’est à dire rédacteurs ayant publié quatre articles au moins. Mais de cela nous reparlons une autre fois. ( Selon Wikipedia, le Comité de rédaction est constitué par les fondateurs d'AgoraVox et des experts en veille et recherche d’information et des journalistes (6 personnes) ainsi que par les rédacteurs-modérateurs qui ont publié quatre articles sur AgoraVox(environ 1000 modérateurs ) qui peuvent voter sur chaque article soumis par les simples rédacteurs.) Nous aimerions savoir qui sont ces six personnes en question, si elles existent....
- Les activités matérielles se déroulent à la même adresse, dans les mêmes bureaux, rue Lamartine dans le 9 e arrondissement de Paris ; l’adresse du siège social de la Fondation ( 81 av de Tervueren à Bruxelles ) ayant toutes les apparences d’une boîte aux lettres.
Bref et pour résumer, Agoravox et Cybion, à un certain niveau au moins, c’est bonnet blanc et blanc bonnet… Et si le choix du statut de Fondation avait pour motif louable de mettre Agoravox à l'abri de pressions diverses et variées, un esprit mal intentionné pourrait observer qu'il a pour effet principal d'en laisser le monopole à Cybion...
En l’absence de clarté sur le fonctionnement d’Agoravox, on est en droit d’avoir ces interrogations auxquelles, nous l’espérons, Carlo Revelli et/ou Joël de Rosnay répondront peut-être facilement. L'opacité est toujours une source de suspicion...
S'ils n'ont rien à cacher, qu'ils s'expriment. Sur Agoravox, ou même ici : ils sont les bienvenus.
Léon.
(Trolléon pour les intimes...)
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